Le circuit ci-après est une illustration possible de ce voyage, déclinable de bien des manières. Il a été et réalisée pour la première fois en 2014 pour le compte d’un Tour Operateur culturel français.
Le guide conférencier généraliste du Maroc était accompagnée de Séverine GILLET pour la prise en charge de la partie littéraire.
Sa présentation:
« Ville romanesque, Tanger a fait basculer les imaginaires dans des fables qui ne lui ressemblaient pas constatait l’écrivain Tahar Ben Jelloun, resté très attaché à cette cité. Tanger entre les lignes est un parcours dans un Tanger intime, entre son mythe et ses réalités. C’est une lecture en profondeur que propose ce séjour inédit, construit pas à pages, riche en découvertes car parsemé de rencontres avec le Tanger personnel d’auteurs marocains contemporains. Leur vision marquera à jamais notre regard sur un Maroc loin des clichés. Pour l’aimer les yeux ouverts et dire comme son lucide chroniqueur Lotfi Akalay : Si c’est vrai qu’aimer c’est souffrir, alors j’aime Tanger « à la folie », c’est à dire tout près de « pas du tout » sur la corolle d’une marguerite. »
Son déroulement sur 6 jours:
J1/Vol Paris / Tanger
Vol Paris / Tanger dans l’après-midi.
Arrivée à Tanger en début de soirée. Transfert à l’hôtel.
Accueil et introduction au programme du séjour, brève introduction à l’histoire de la ville et à celle de l’hôtel. Petite promenade pour découvrir les abords de l’hôtel situé dans une rue historique de la ville.
Dîner libre et nuit.
J2/Premiers rendez-vous avec Tanger
Nous commencerons notre exploration de Tanger en rejoignant la célèbre Place du 9 avril, plus connue de nous sous le nom de Grand Socco grâce au titre éponyme du livre de Joseph Kessel. Bien que celle-ci ne ressemble plus guère à ce que fut ce «souk à l’extérieur» de la médina de Tanger (par opposition au souk à l’intérieur de la médina, dit Petit Socco), nous pourrons imaginer ce qu’elle était et feuilleter l’histoire grâce aux bâtisses historiques qui l’environnent toujours, comme la Mendoubia et ses jardins ou la mosquée de sidi Bou Habid (vue extérieure)…aux abords, les vendeurs des quelques souks résiduels, comme le souk aux babouches, ainsi que les produits artisanaux de l’association DARNA, ou les marchandes rifaines accroupies devant leurs légumes, perdurent les traditions.
Puis par la Porte et la rue des Italiens, première des rues construites hors des remparts, nous gagnerons la Casbah : cette forteresse qui domine l’ancienne médina enserre le palais du sultan dit Dar El Makhzen, et ses jardins d’une insoupçonnable luxuriance. De la place du Méchouar, ancienne place d’armes, nous pénétrerons dans cet édifice qui abrite désormais le musée archéologique de Tanger, dont il faut souligner la remarquable scénographie récemment repensée ainsi que la mise en valeur de pièces uniques d’artisanat d’art ancien.
Après avoir admiré la vue saisissante sur le détroit du haut des remparts, nous redescendrons à pied en longeant ceux-ci jusqu’ au célèbre Hôtel Continental, lieu emblématique d’une certaine époque, où se visite encore la chambre de Churchill. Après un rafraîchissement d’accueil, nous y prendrons un déjeuner marocain, face au panorama unique du vieux port et de la baie de Tanger. Nous y serons rejoints ensuite par des acteurs culturels de Tanger, dont l’enfance du temps du Tanger international a définitivement façonné leur rapport au monde. Les agréables salons marocains de l’hôtel nous offriront le calme propice à un échange convivial sur ce thème, ainsi que sur leur plus récente actualité. L’on évoquera aussi la mémoire d’un Tangérois célèbre du XIVème siècle, le fabuleux voyageur Ibn Batouta qui donnera son nom à l’aéroport de la ville. Parti en pèlerinage à la Mecque à l’âge de 21 ans, il ne revint que 30 ans plus tard, après un périple digne de Marco Polo.
L’après-midi, nous poursuivrons notre voyage dans l’histoire de Tanger par une visite guidée au palais de la Légation américaine, institution liée aux rapports privilégiés noués entre la jeune Amérique naissante et le Maroc. Après en avoir admiré les pièces au mobilier d’époque et la belle collection d’œuvres d’artistes tangérois qu’abrite cette belle demeure, nous nous arrêterons plus longuement dans l’espace consacré à l’écrivain américain Paul Bowles et à sa vie à Tanger. L’auteur d’Un thé au Sahara adapté au cinéma par Bertolucci, choisit en effet de résider définitivement à Tanger, et s’efforça de rendre au pays ce qu’il y avait trouvé: la reconnaissance.
En redescendant la rue du Portugal, où nous longerons l’ancien cimetière juif (entrée sous réserve d’autorisation) puis via la rue d’Espagne, où nous admirerons (vue extérieure) la beauté fanée du fameux théâtre Cervantes, nous gagnerons la librairie-salon de thé des Insolites, pour une collation accompagné d’un échange autour des écrivains de toutes nationalités ayant marqué la ville de leur passage. Stéphanie Gaou, fondatrice du lieu, nous rappellera les nombreux auteurs étrangers venus participer à l’extraordinaire explosion littéraire de la ville à l’époque du protectorat puis du statut international. En dehors de la vague d’auteurs de la Beat génération, cette halte nous permettra d’évoquer les auteurs marocains auxquels Paul Bowles tendit la main, notamment le conteur Mohammed Mrabet, et l’auteur longtemps censuré au Maroc pour l’âpreté de ses écrits, Mohammed Choukri. Sous leur plume, Tanger montre une réalité bien différente de celle décrite par les auteurs étrangers venus de tous pays y trouver un espace de liberté, liberté dont peu de marocains pouvaient alors se prévaloir. Quelques extraits pourront être lus.
Retour à l’hôtel.
Dîner libre et nuit à l’hôtel.
J3/Le caléïdoscope Tangérois
Il ne faut pas s’étonner à Tanger de trouver, derrière la mosquée Sidi Bou Habid et face à l’hôtel mythique Villa de France, où Matisse séjourna, un édifice curieux, typique de la ville : l’église anglicane Saint-Andrew, datant du XIXème, mêlant architecture européenne et orientale, et de son cimetière-jardin, où reposent nombre de personnalités ayant marqué la ville de leur passage.
Cette empreinte multiculturelle s’est inscrite dans la médina elle-même : nous le constaterons en rejoignant l’entrée de la médina, où nous descendrons la rue des Siaghins (orfèvres), avec ses immeubles percés de fenêtres sur rue, ses commerces et autres grands magasins modernes, et les façades conservant encore les traces de ses nombreuses postes et établissements bancaires.
Nous atteindrons ainsi le Petit Socco avec ses terrasses à l’européenne, ou encore l’église catholique de la Purisima Concepcion (vue extérieure), inattendue en pleine médina! Une importante communauté juive avait également investi ce quartier, en le dotant de plusieurs synagogues, dont la synagogue Nahon, sans doute le fleuron de ce patrimoine, que nous visiterons. Non loin, la fondation Lorin, (visite sous réserve d’ouverture) sise dans une autre synagogue, propose une plongée photographique dans cette époque.
Temps libre pour profiter de la vitalité des ruelles commerçantes animées du quartier, et déjeuner libre dans un des nombreux restaurants alentours.
L’après-midi, nous repartirons vers la ville plus contemporaine, via le Grand Socco, et remonterons la rue de la Liberté, rebaptisée au gré des changements de statut de Tanger, jusqu’à la Place de France aux cafés légendaires, l’esplanade dite « terrasse des paresseux », donnant sur la magnifique baie de Tanger, puis le boulevard Pasteur qui ouvre sur le quartier cosmopolite « moderne », à l’architecture marquée par l’art nouveau puis l’art déco espagnol.
Au cours de notre déambulation, nous gagnerons la librairie des Colonnes. Cette vénérable institution tangéroise poursuit son action dans l’animation culturelle de la ville et dans le soutien à la création littéraire contemporaine, sous l’impulsion de Simon-Pierre Hamelin, comme l’atteste le tout nouveau festival littéraire automnal créé en 2012. Là nous pourrons évoquer et feuilleter quelques-uns de ses « coups de cœur », bonne introduction à notre soirée littéraire à venir.
Retour à l’hôtel et temps libre.
Le soir venu, nous gagnerons la Vieille Montagne, quartier résidentiel apprécié des Anglais lors de leur implantation tangéroise.
Dîner littéraire à la Villa Joséphine, en compagnie de Abdellah Baïda et d’un auteur marocain contemporain invité (confirmation ultérieure de la personne invitée selon disponibilité)
Professeur agrégé à l’université Mohamed V de Rabat en littérature marocaine francophone et littérature comparée, Abdellah Baïda est également critique littéraire, auteur d’un recueil de chroniques sous forme d’anthologie Au fil des livres, et d’un roman, le dernier Salto. (Rencontre sous réserve de disponibilité)
Dans un style qui évoque la riviera française mâtinée d’orientalisme, le raffinement de la Villa Joséphine n’a d’égal que le prestige de ses hôtes : acquise par Walter Harris, éditorialiste du Times, elle accueillit le Duc de Tovar, grand d’Espagne, et fut la résidence d’été du Glaoui, pacha de Marrakech.
Notre soirée se prolongera avec des lectures de poésie, en français et arabe littéraire, des textes choisis, issus d’une sélection d’auteurs de référence dont Abelattif Laâbi, prix Goncourt de Poésie en 2009, Tahar Ben Jelloun, (pour son recueil Les Amandiers se cachent pour mourir) ou le poète arabophone Mohammed Bennis. Seront aussi lus des textes plus récents de jeunes auteurs de talent, attestant de la qualité de la relève littéraire actuelle.
Retour à l’hôtel pour la nuit.
J4/Le Salon International de Tanger au palais des Institutions italiennes
Ce matin, nous gagnerons le palais des Institutions italiennes, palais arabo-andalou racheté par l’état italien en 1927 au sultan déchu Moulay Hafid, qui accueille désormais, tous les ans le Salon International des livres et des Arts de Tanger, rendez-vous d’éditeurs, d’artistes et d’auteurs contemporains marocains. Là le riche programme, élaboré sous l’égide de l’Institut Français de Tanger, nous fournira de multiples occasions de pénétrer dans la créativité culturelle tangéroise et marocaine. Le Palais accueille dans son enceinte les locaux de la Fondation Chimenti, dédiée à la personnalité exceptionnelle d’Elisa Chimenti, d’origine italienne mais d’expression française, connue pour son œuvre sociale et culturelle menée notamment au contact des femmes marocaines. Plus contemporaine, Christine Keyeux nous accordera un moment d’échange autour de son action engagée d’artiste plasticienne, revenue dans la ville qui l’accueillit enfant, pour y accompagner le combat des mères célibataires au sein de l’association 100% Mamans.
Déjeuner libre sur place.
Le quartier du Marshan recelant d’autres lieux de mémoire, comme le café Hafa, rendez-vous de tous les artistes venus trouver l’inspiration à Tanger, ou l’exceptionnelle nécropole phénicienne, surplombant la mer, nous y ferons halte en début d’après-midi, puis vous laisserons le choix parmi diverses visites ou activités possibles, en accord avec votre conférencier, et selon l’offre culturelle en lien avec le Salon. (A la galerie Delacroix, située à proximité de l’hôtel ou au musée d’art contemporain par exemple) (sous réserve d’ouverture).
Fin d’après-midi libre.
Dîner libre et nuit à l’hôtel.
J5/Tétouan et Tanger Med : passé et présent réunis
Ce matin, nous prendrons la route pour Tétouan, aux confins des montagnes du Rif. Classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO, cette cité andalouse du nord du Maroc sera l’occasion d’une rencontre avec certains de ses meilleurs défenseurs, membres de l’association socio-culturelle Tétouan Asmir. Après une visite de la ville espagnole, nous pénètrerons au sein de la médina arabo-andalouse de Tétouan, et goûterons au charme de ses ruelles pavées aux demeures anciennes, aux portes séculaires, à la rencontre des secrets des fondateurs de la ville, inventeurs du fonctionnement ingénieux de son antique réseau d’eau potable, de ses arcatures , bâtisseurs de mosquées mais aussi de son église chrétienne enterrée… Dans la madrasa Luquash récemment rénovée, nous ferons la visite rare d’un musée de l’Islam. Enfin, la visite de l’École des Beaux-Arts de la ville nous montrera comment perdure l’enseignement de l’artisanat d’art marocain, dont des réalisations de grande qualité peuvent être acquises sur place.
Déjeuner libre sur place, possibilité de restauration dans une maison arabo-andalouse sur réservation.
Avant de quitter Tétouan, une halte sur ses hauteurs nous offrira un superbe panorama sur la ville face aux montagnes du Rif, avec la mer au loin, ainsi que sur le vieux cimetière juif. Sous réserve d’ouverture de ce dernier, il est possible d’y admirer quelques pierres tombales magnifiquement sculptées, datant de la fondation de la ville.
Sur le chemin du retour, en empruntant la côte méditerranéenne, et en passant par Ksar es Seghir, ancien petit port de pêche en plein développement, nous pourrons apprécier le découpage de ses côtes encore préservées avant de nous arrêter sur les hauteurs du vaste complexe portuaire de Tanger Med, au design futuriste dessiné par l’architecte français Jean Nouvel. Quelques textes donnés en lecture, écrits par des auteurs contemporains à l’occasion de l’inauguration de Tanger Med, nous feront partager l’émotion et les interrogations suscitées par la réalisation de cette extraordinaire infrastructure portuaire destinée à faire de Tanger un port majeur du XXIe siècle. (Textes de Tahar Ben Jelloun, Zakia Dahoud, Fouad Laroui, et Mohammed Bennis).
Dîner libre et nuit à l’hôtel.
J6/D’Asilah au détroit de Gibraltar : un rivage mythique, et retour à Paris
Ce matin, une excursion nous conduira à la découverte du rivage atlantique voisin.
Par la route de la corniche, nous pourrons apprécier la situation remarquable qu’occupe Tanger, entre les caps Spartel et Malabata, où les eaux de la Méditerranée et celles de l’Atlantique se mêlent. Au seuil du mythique détroit de Gibraltar, cette côte rocheuse déchiquetée abrite les étonnantes Grottes d’Hercule : des cavités autant dues à l’érosion des flots qu’au travail séculaire des hommes qui en extrayaient le calcaire.
A quelques kilomètres plus au sud, dans une enceinte fortifiée qui témoigne des invasions portugaises puis espagnoles, se blottit la médina d’Asilah. Depuis le renouveau de la ville sous l’impulsion des créateurs de son « moussem » culturel, festival de rencontres artistiques, Asilah est un point de convergence réputé. Outre ses fiers remparts dressés au-dessus de la mer et ses ruelles immaculées aux fresques murales sans cesse réinventées, la ville offre divers espaces à l’art comme le Palais Raïsouni, ou le Centre culturel Hassan II, sis dans l’ancienne caserne espagnole. Asilah est aussi réputée pour son artisanat raffiné et ses galeries d’art : nous aurons le privilège d’y rencontrer un calligraphe talentueux ouvert au partage de son art.(sous réserve de disponibilité)
Déjeuner dans un restaurant d’Asilah réputé pour ses fruits de mer.
Lors de notre voyage retour, nous évoquerons dans le car l’écrivain, dramaturge et poète français Jean Genet, enterré dans le petit cimetière de Larrache, à quelques 50 km d’Asilah, ville où il résida des années avec son dernier ami. Tahar Ben Jelloun mais aussi Mohammed Choukri, ou son ami et ardent défenseur Juan Goytisollo, nous dévoileront des facettes intimes de l’écrivain ainsi que sa relation quasi mystique au Maroc.
Transfert à l aéroport de Tanger. Vol pour Paris dans l’après-midi